Dolores, ma douleur n’est pas ce qui me reste. Un papillon en éveil sur une fleur d’été, un papillon sans complexe.
Dolores, ma douleur n’est pas ce qui me reste. Des images délavées, délaissées, des souvenirs usagés près à jeter. Rien à recycler.
Dolores, ma douleur n’est pas ce qui me reste. Il y a le cœur qui proteste. Le corps fatigué, vieille poupée aux membres rongés mis à l’index. Interdits, tabous, garde-fous pris dans le sable mou de ma conscience annexe. Corps étranger à mon être.
Dolores, ma douleur n’est pas ce qui me reste. Libérée, vengée, mon âme s’évade au fil des idées, fleuve doré aux profondeurs lactées. Fleuve alambiqué où les eaux usées se déversent. Dolores, ma douleur n’est pas ce qui me reste. De la vie, j’ai tout oublié. Mon cerveau fatigué efface le Temps et le reste. Point d’ancre où s’amarrer. Point de repère pour se guider. L’inconscient, féminin sacré, protégé par vents et marées.
Dolores, la douleur n’est pas ce qui me reste. Ma chair blessée ne me fait pas pleurer, le désespoir ne fait que m’effleurer. La douleur ne me fait pas tomber. Dolores, ma douleur n’est pas ce qui me reste mais ce sourire reste à jamais gravé.