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 mon père

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4 participants
AuteurMessage
louve
Hommenivore
louve


Nombre de messages : 226
Age : 37
Date d'inscription : 06/06/2006

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MessageSujet: mon père   mon père Icon_minitimeDim 8 Oct à 18:09

Après avoir longuement réfléchis, j'ai compris que pour se libérer d'un fait traumatisant, il fallait l'écrire. ET c'est ce que j'ai fait. J'ai écrit un fait qui fut le plus grave dans ma vie. La perte de mon père. Cela ne fait que plus d'un an à présent mais cela reste quelque chose de marquant, d'obsessionnel. C'est pourquoi j'en ai fait une nouvelle.
Vous allez pénétrez au plus profond de mon intimité en lisant ce texte. Mais il est pour moi très important. Il fait parti de ma vie. Bonne lecture les amis, et sachez que c'est une nouvelle expérience pour moi.


Mon père.

La mort est aussi une renaissance.


Il y a des jours dont on se souviendra toujours. Des moments qui nous collent à la peau sans que l’on ne puisse y remédier. C’est l’un d’eux dont je me souviens. Et plus précisément celui qui marqua mon envie de réussir à écrire aussi bien que les grands auteurs. C’était un 10 février 2005. Une époque où je n’allais pas tarder à entrer dans ma majorité. Les événements antérieurs étaient tristes. J’avais quitté le domicile, désireuse d’être libre, de voler de mes propres ailes. Mais à dix-sept ans, on ignore tout de la vie. Car la vie est dure, mauvaise et semée d’embûches qui nous permettent de mûrir, de grandir, d’être enfin quelqu’un. J’étais donc partie, voulant sans doute prouver que même lorsqu’on est encore une enfant, on peut s’en sortir sans l’aide de ses proches. Je me trompais du tout au tout. J’avais anéanti une famille : la mienne. Celle dont le même sang que le mien coulait en un torrent fiévreux, désireux de vivre simplement. Ma relation avec mon père changea par ma faute. Je l’avais trahi en ne souhaitant plus vivre à ses côtés. Mais il était mon père et je l’aimais. Je pris donc pour habitude de lui rendre visite tous les deux jours, tentant désespérément de lui montrer mon attachement. Les premières visites furent les plus dures. Je n’étais plus la bienvenue dans ces lieux autrefois chaleureux. Je me souviens d’un jour en particulier, c’était un lundi. Comme à mon habitude j’avais sonné puis étais montée, impatiente de voir ma petite famille. Ma sœur fut la première à m’accueillir à bras ouverts. Je la recueillis avec une joie intense et déposai sur son front un doux baiser. Je saluai mon père et cherchai des yeux ma mère :

« Elle est sortie faire une course. Elle sera là plutôt tard. »

Je le remerciai et m’assis à ses côtés. Il m’offrit une cigarette et je lui souris doucement. Nous parlâmes longuement comme nous ne l’avions pas fait depuis de nombreuses années. Les fous rires vinrent couronner cette magnifique après-midi. Mais je remarquai une chose : mon père ne fuma pas une seule cigarette de l’après-midi. C’était pour moi un fait impossible. Lui qui fumait beaucoup n’avait pas touché à une seule de ces maudites cigarettes. Sa voix était grave, plus que d’accoutumée. Je le regardai d’un œil scruteur, cherchant à comprendre ce qui n’allait pas. Prenant mon courage à deux mains, je le regardais et lui demandai :

« Tu es malade ?
- Oui, me répondit-il. Le médecin m’a dit que j’avais une grippe. »

Au fond de notre cœur, nous savons déceler la vérité. Et cette fois-ci, je ne croyais pas le médecin. Même malade, mon père fumait. Vous allez me dire que c’est bête de penser à ça à cause d’une maudite clope, et pourtant j’allai avoir raison.

L’heure arriva : je devais partir et abandonner celui que je ne reverrais plus que dans une mort atroce et douloureuse. Ma nuit fut agitée de mauvais rêves. De nombreux cauchemars où mon père abandonnait les siens. Puis vint ce triste jour.

C’était mercredi, le jour où je rendrais visite à mes proches. Je me levais de bonne heure et me préparai lorsque, à neuf heures, mon portable sonna. C’était ma mère, en pleurs, paniquant comme jamais encore. Je tentai de la calmer afin de comprendre ce qu’elle me disait mais c’était impossible. Les seuls mots qui sortaient de sa bouche étaient « viens vite ! Ton père ne va pas bien ! Les pompiers sont là ! ». J’ai couru alors aussi vite que je le pouvais, sentant mon cœur se soulever comme prêt à sortir de ma poitrine pour exploser. Je ne mis que quelques minutes à arriver, es larmes aux yeux. Je connaissais tellement mon père que je savais que les pompiers ne seraient pas venus pour une chose sans gravité. Je montai les escaliers et découvris une famille en pleurs, hurlante et gémissante. Je pris mon frère dans mes bras tentant de l’apaiser, mais je n’y parvenais pas. Je fouillai la pièce des yeux et ne vis pas mon père. Mais tous étaient là. Des pompiers et ambulanciers montaient et descendaient à leur gré, le visage grave. Soudain les amis de mes parents arrivèrent et enlacèrent mes frères et sœurs. Je n’aimais pas cette atmosphère funèbre qui emplissait toute mon âme. Je vis alors ma mère monter, en pleurant, le visage rougi par ses larmes. Je m’empressai de la suivre afin de découvrir ce qu’il arrivait à mon père. Je crois que c’est la pire erreur que je fis. Je ne pouvais même pas empêcher les larmes de couler. L’atmosphère m’en empêchait. Tous les secouristes se trouvait dans la chambre de mes parents. Leur lit avait été démonté, les fenêtres grandes ouvertes. J’essaye de pousser les hommes pour voir mon père mais je n’y parvenais pas. La tristesse fit place à la colère et à la frustration : c’était mon père qui allait mal et tous m’empêchaient de m’en approcher. Je râlais, en proie à une panique croissante. Je voulais le voir, quitte à me montrer mauvaise et à insulter tout le monde. Le docteur me vit et s’approcha de moi, la mine triste. Il nous prit, ma mère et moi, dans le couloir afin de nous donner les dernières nouvelles :

« J’aurais du le voir avant. Je regrette, nous disait-il en fixant le sol.
- Voir quoi ? m’écriai-je.
- Votre père vient de faire un arrêt cardiaque.
- Quoi ? »

C’était ma mère qui avait hurlé. Elle défaillit et je la retenais avec peine à moi. J’étais furieuse, triste, malheureuse, anéantie. On ne fait pas un arrêt cardiaque quand on a une grippe ! C’est impossible ! Ma mère se jeta dans mes bras et laissa son corps évacuer toute la peine qu’elle éprouvait. Je lançai un regard noir au docteur. Pour moi il était incompétent. Il n’avait pas su donner la vraie raison du mal de mon père. Il était aveugle. Et je ne me retenais pas pour le lui dire. Je fis descendre ma mère dans le salon, la donnant à mon frère et je repartis dans la chambre. Je pus enfin voir l’état dans lequel se trouvait mon père.

Il était allongé à même le sol, en caleçon comme un animal. De nombreux tuyaux passaient dans ses narines afin de lui permettre de respirer. Un mince filet de sang sortait de ses lèvres bleuies. Son regard était vitreux. Il n’était presque plus parmi nous. Je m’en approchais et lui pris la main. J’essaye de lui parler, de lui transmettre un message afin qu’il ne nous abandonne pas, afin qu’il se batte contre la maladie. Par moment ses yeux devenaient tous blancs et son corps tremblait en proie à je ne sais quel mal. Soudain son corps bougea anormalement. Les pompiers me poussèrent, criant qu’il refaisait un arrêt cardiaque et moi, je regardai impuissante, mon père perdre doucement la vie, sous les yeux horrifiés de sa fille. Les pompiers décidèrent alors de descendre mon père par la fenêtre et de l’emmener d’urgence à l’hôpital. C’est ce qu’il firent. Je ne pourrais décrire la façon dont ils le descendirent car je ne la vis pas. Je ne me souviens juste que je suis repartie.

Deux heures après, mon portable sonna à nouveaux. J’eus la sensation que la nouvelle qu’on m’annoncerait m’anéantirait. Je décrochai et entendis la voix de mon frère. C’était fini, il était décédé et ma mère avait perdu la raison.

Les événements s’enchaînèrent rapidement. J’avais la lourde tâche de prévenir la famille d’idiots que nous avions du décès de mon père. Cette tâche me répugnait. Cela faisait des années qu’ils ne se souciaient plus de mon père :sa propre mère ne lui donnait même plus de nouvelle. Je les appelais un par un et leur annonçais ce que le destin avait voulu. Le médecin revint nous voir un peu plus tard et découvrit avec horreur l’attitude de ma mère. Elle était assise depuis quelques heures maintenant et se balançait, ma sœur sur les genoux. Elle ne cessait de lui répéter que notre père n’était pas mort, qu’il était soigné maintenant et qu’elle devrait lui faire un beau dessin pour lui remonter le moral :

« Tu verras ! papa sera content de voir ton joli dessin. Il n’est pas mort. Il ne peut pas mourir et nous laisser seul. Allez va préparer un beau dessin, moi je vais lui faire un sac de linge propre pour quand il sortira de l’hôpital. »

Ses phrases me marquent encore aujourd’hui. Le médecin m’appela alors car j’étais la plus âgée des enfants et que tout reposait sur moi. Il fallait amener ma mère à l’hôpital car son état pouvait être dangereux pour mes plus jeunes sœurs. De plus il fallait se rendre à l’hôpital afin de certifier que c’était bel et bien mon père qui était décédé. Prenant mon courage à deux mains je demandai au médecin :

« De quoi est-il mort ? Ce n’est pas une simple grippe n’est-ce pas ?
- Non, me répondit-il en hochant la tête. C’est bien plus et je ne l’avais même pas découvert. Il est décédé d’une hémorragie interne du foie. »

Ainsi le médecin était un incompétent. Ainsi j’avais eu raison dès que j ‘avais aperçu mon père deux jours plus tôt. Une simple maladie ne l’aurait jamais emporté loin de nous. Je laissais le médecin interner ma mère à l’hôpital, elle qui était déjà très malade, souffrant d’insuffisance rénale. Je me rendis aussi à la morgue et découvris le cadavre de mon père.

Son enterrement se passa le treize février, jour qui aurait dû se passer dans la joie et la bonne humeur car c’était également mon anniversaire.

Je pourrais en dire davantage mais je n’en fais rien. Les principaux sentiments que j’ai ressentis à ce moment sont déjà énoncés. Ce jour là, nous avons perdu beaucoup. Nous avons perdu un père aimant même si maladroit. Ecrire ce moment me permet de me libérer. Car au fond de moi, je savais ce qu’il risquait d’arriver. Et c’est une simple cigarette qui m’avait tout fait découvrir.
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Dahud
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MessageSujet: Re: mon père   mon père Icon_minitimeDim 8 Oct à 18:31

Désolée pour toi que tu es eu à connaître un événement tragique si jeune. Crying or Very sad C'est courrageux de l'écrire en tout cas, j'espère que xa aura un effet bénéfique pour toi! Wink
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nalexcalibur
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MessageSujet: Re: mon père   mon père Icon_minitimeDim 8 Oct à 18:56

très ému par ce que tu viens de nous confier.

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louve
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MessageSujet: Re: mon père   mon père Icon_minitimeDim 8 Oct à 18:57

merci beaucoup à vous. l'écrire m'a vraiment soulagé
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Zabimaru
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MessageSujet: Re: mon père   mon père Icon_minitimeDim 8 Oct à 20:23

Je ne répéterai pas ce que j’ai dit ailleurs... Je suis content que ça t’ait libéré.
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MessageSujet: Re: mon père   mon père Icon_minitime

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