J’ai trop mangé, j’ai le ventre aussi plein que mon cœur est vide. Je suis malade mais ça compense ma peur du vide. J’ai le désespoir qui creuse l’estomac et me suicide. J’ai trop mangé, j’ai le ventre aussi plein que mon cœur est vide. Je suis lucide, cela ne m’empêche pas de me péter le bide. Je suis lessivée de devoir laver ce miroir déformé. Sans cesse, purger la mémoire des souvenirs avides.
J’ai trop mangé, j’ai le ventre aussi plein que mon cœur est vide. J’ai peur de vivre, je préfère m’enfermer, fermer toutes les portes fragiles. Mon estomac proteste mais mon esprit, agile, conteste sa fureur placide. J’ai trop mangé, je n’ai pas oublié mais je suis soulagée d’avoir comblé rien qu’un instant le vide. De cette mémoire fragile qui empeste le Temps qui reste et ma Douleur futile. Je voudrais que cela cesse mais je n’ai pas de guide pour interrompre ces orgies funestes qui me suicident. Mourir car le Temps empeste l’Amour qui me teste et me rejette dans la mémoire liquide.
J’ai trop mangé, j’ai le ventre aussi plein que mon cœur se vide. Les nausées de l’inceste que ma mémoire avide a rangé dans les pièces inutiles. Je m’injure, je me fouette mais il n’y a pas de guide pour combler le vide du Temps qui reste.