« Je ne me rappelle pas très bien de ma crise d’appendicite –de péritonite, pour être exacte. Mes souvenirs restent confus…
« Un coup de couteau -de mousse, il me semble aujourd’hui- au ventre, de l’humeur jaunâtre, qui descendait les escaliers, comme animée d’une volonté propre…
« …Prostrée contre le mur aseptisé de l’accueil des urgences, pendant que ma mère remplissait les formulaires… -foutue paperasse !!! Je pleurais en silence, je crois. Je ne senti même pas quand le médecin me fit une perfusion, à cause de mes entrailles transformées en pâtée pour chien.
« Les infirmières me souriaient, la tête me tournait, j’ai cru que la douleur allait ma faire tourner de l’œil… et ces imbéciles d’infirmières qui me souriaient toujours… ne voyaient-elles pas que je souffrais, ou bien s’en foutaient-elles tout simplement ? Oui, ce devait être ça, elles en avaient déjà vu des tas, des gamines qui se retenaient de toutes leur forces de crier et de s’évanouir sur le carrelage froid et immaculé. Mais leurs sourires m’agaçaient ! Pire que ça, en fait…
« Un médecin est enfin arrivé, et lui, au moins semblait juger ma douleur à sa juste valeur ! Il a dit que je ne pouvais plus attendre, qu’il fallait m’opérer tout de suite. Moi, je ne voulais pas, ma maman était partie me chercher des affaires au cas où je resterais la nuit…
« Ils m’emmenaient je ne sais où, et dans ma gorge quelque chose était resté coincé…
« …Quand je me suis réveillée, j’avais mal, plus mal encore que quand j’étais arrivée. A coté de moi, une pauvre gamine était étendue sur son lit, un énorme bandage à la tête, sa mère à coté d’elle. Peut-être y’avait-il d’autres personnes, je ne m’en souviens plus… Néanmoins, les souvenirs reviennent plus vite et plus nombreux que je ne l’aurai cru.
« La gamine n’est pas restée longtemps dans la chambre. Elle s’est de nouveau fait opérer et ils l’ont mit dans la chambre d’en face. A la place est venu une ado avec un panaris. Elle était sympa. On se partageait la télé.