hop voici le début.
Depuis toute petite j'aime farfouiller dans les mallettes qui traînent dans notre grande cave. Chaque fois c'est avec plaisir que je trouve d'anciennes lettres. Des lettres d'amour pour la plupart. Mes doigts chaque fois se laissent glisser par les mots si tendres qui sont inscrits à l'aide d'encre de chine sur le papier à lettre parfumé. La seule valise que je veux ouvrir est fermée par un cadenas. Maintes fois j'ai tenté de retrouver la clef qui me permettrait d'assouvir ma curiosité. Mais jamais je n'ai réussi à la dénicher. Et pourtant chaque nuit, je rêve de cette valise, renfermant des trésors sans valeurs. Chaque nuit, je me vois près d'elle penchée et lisant des tas de lettres toutes plus révélatrices que les autres. Et chaque nuit, je rie, je pleure, je m'énerve contre des lettres vieilles de plus de trente ans. Mais je sais qu'elles font partie d'une vie. Mais à qui appartiennent-elles donc? Qui les a écrites? A qui sont-elles destinées? Ce que je sais de leur expéditeur c'est que c'est une femme. Elle souffre d'une malédiction auquel tout les médecins sont impuissants. Je ne sais rien de sa malédiction, ou, du moins, je n'en sais pas grand chose. C'est un mal qui la rend dangereuse la nuit. Un mal qui réveille en elle un immense besoin de causer du mal aux hommes. Chaque lettre que j'ai lue m'a rapproché de cette femme souffrante. C'est comme si maintenant elle fait partie de moi. Je me souviens de la dernière lettre que j'ai eue en main. Elle ne se termine pas. Elle commence comme toutes les autres, mais aucune signature ne vient la compléter. Je me rappelle alors où je l'ai mise. Je me dirige dans ma chambre et sortant de sous mon lit une pile de papier, je la déplie et la lis à haute voix:
Adieu,
C'est le seul mot que je suis capable de dire aujourd'hui. Ma malédiction ne s'arrête pas. Je suis damnée pour l'éternité. Depuis combien de temps à présent est-ce que je vis? Trop longtemps pour être encore humaine. Oui, trop longtemps. J'ai tenté de menotter mes poignets mais rien n'y fais. Je réussis chaque fois à fuir et à causer le trouble dans les rues pourtant calme de Londres. Mais le pire est le mal que je fais à mes pauvres victimes. Ils sont tous de sexe masculin. Pourquoi? Quand j'aperçois un enfant, je fuis. Quand c'est une femme qui et proche de moi, je la regarde mais ne lui fais aucun mal. Hors dès qu'il s'agit d'un homme, je perds tous mes moyens et je l'attaque sauvagement, déchirant sa chair sous mes crocs. Quel réconfort j'y trouve à commettre des actes aussi barbares ! Je me sens bien seulement au contact de la mort. Mort que bien souvent je donne.